Elles Aveyronnent
HIVER

22 - 29 janvier 2021

Projet né d’une spéculation sur ce que générerait une exposition dont la rivière de l'Aveyron serait la commissaire.
Très vite, nous avons convenu que la rivière n’avait pas attendu notre invitation pour produire une multitude de formes, d’effets et d'événements qui vont bien au-delà de ce qu’aucun centre d’art ou programmation (ou lieux ou événements ou artifice humain) ne pourrait contenir.
Dès lors, nous avons décroché de nos premiers sentiments pour nous positionner dans un apprentissage de savoirs relatifs à ce cours d’eau d’aussi loin que les travaux contemporains et de nos prédécesseurs nous permettaient d’aborder. 
Cette étape nous paraît fondamentale avant d’envisager une intention. 
Monts et plateaux du Massif Central - Les paysages des Causses et Avant-Causses et
Plaines et collines du Midi-Pyrénées - Les paysages des vallées de Garonne et des grandes rivières

L’aveyron a creusé des gorges profondes (200m pour 1500 à 2000m de largeur)
La rivière compositionniste constituée par des eaux en mouvements lents, bouillonnants, cycliques, aux états multiples de surface, de brume, d’infiltration.
Rivière qui creuse et qui façonne des territoires de gorges, de plaines, exposées au jour ou à la réserve, souterraines. 
Rivière animée d’innombrables existants, parcourues parcourant les milieux, les temps, les dimensions. 
Eaux multiples indispensables à ce/ceux/celles qui la traversent. 

Les talus rebords des terrasses alluviales organisent les paysages des plaines, le bâti s’y perche pour échapper aux montées dévastatrices des eaux > chapelet de bourgs > trame urbaine des plaines.

Sols d’alluvions; leur composition dépend des roches traversées, limons, sables et graviers.
Bassin versant = territoire de collecte des eaux de pluie qui alimentent une rivière, délimité par la ligne de partage des eaux. 

Embâcle naturel = une accumulation naturelle de matériaux apportés par l’eau.
2000 Premier colloque international sur le bois dans les rivières du monde.
Depuis un demi-siècle les rivières sont de moins en moins entretenues.
Le cours d’eau hier, ressource pour le propriétaire du lit, devient une contrainte (...) Désormais exclu du secteur de l’énergie et de celui des matériaux, le bois mort n’est plus branché sur les circuits d’échanges productifs, mais appartient à la catégorie peu flatteuse des “inutiles au monde” qui y séjournent sans vraiment y appartenir.
Loi 29 juin 1984 “tout propriétaire d’un droit de pêche ou son ayant cause (..) doit effectuer les travaux d'entretien, sur les berges et dans le lit du cours d’eau, nécessaire au maintien de la vie aquatique.
Loi 1995 le bois devient un objet juridique > obligation de curage ,, la législation justifie les interventions tandis que la communauté scientifique infirme les bénéfices de préservation écologique.
Loi 2006 pérennise cette contradiction > le propriétaire riverain est tenu à un entretien régulier du cours d’eau. L’entretien régulier a pour objet de maintenir le cours d’eau dans son profil d’équilibre.
(source : Le lay


À l’instar de la majorité des cours d’eau du territoire français, la rivière de l’Aveyron à connu des considérations et des relations successives et variées.

Le réseau de bibliothèque entre Nègrepelisse et Montricoux ainsi que les ressources numériques assurent la transmission d’hypothèses historiques et archéologiques. À mesure de l’arpentage de terrain nous apprenons aussi des survivances matérielles, témoins d’activités et de traditions régionales.

Nul doute que ce flux, jusqu’à sa relative maîtrise par d’importantes infrastructures d'ingénieries fluviales, ait généré des égards portés par des valeurs symboliques et par des pratiques d’usages. Il en va de même des interprétations scientifiques de ses comportements comme de ses composantes.
Nous nous interrogeons sur l’évolution de rapports symboliques à la rivière aujourd’hui. 


Lundi.

Site de la DREAL - Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement - d’Occitanie
Ensembles et familles de paysages en Occitanie - Réseau Paysage Occitanie
http://www.occitanie.developpement-durable.gouv.fr/paysages-d-occitanie-a24709.html

Nous serions donc dans les catégories :

Mardi.

L’eau qui coule, flux qui (nettoie ?) dégage les pierres, les sédiments, les branches.

Énergie qui traverse les terres.

Comment est-ce que les oiseaux perçoivent le courant de la rivière ? 

S. dit que l’eau appelle l’eau.
Cela touche au familier, au commun qui n’est pas plus considéré.
On nous parle de l’exposition en 2012 “Au fil de l’eau” à la Cuisine, par Alexandre Moronnoz. Il s’agissait d’une exposition itinérante en trois endroits. Une étude avait été réalisée en amont par une documentaliste. Trois villages avaient retenu l’attention du designer; Negrepelisse pour sa plage d’autrefois, Cazals pour son moulin et la tradition paysanne des lavandières, et St Antonin pour la légende de St Antonin gravée dans la pierre.
Cette année tous les gens d’un bassin versant vont essayer de mettre en place des actions sur 5 ans pour améliorer son fonctionnement.
Projet de sensibilisation, animation toujours en cours, très sollicités par les écoles.
Travail avec les agriculteurs, les actions à mettre en place pour transformer les pratiques.

Il nous a été indiqué comme étant sourcier.
Nous aimerions qu’il nous décrive sa pratique et ses égards envers les eaux.

Les désirs et infrastructures de contrainte et de maîtrise ne suppriment pas la puissance et la vitalité de ce qui coule.
Les eaux qui coulent, imprègnent, infiltrent les matières, produisent des signes pour lesquels l’humain n’a pas donné de noms. Ces agencements informels ou innomés nous autorisent à faire preuve d'imagination et de considération à leur égards. Par une opération spéculative où les signes engendrés par l’eau seraient pour un temps détachés de leur connotation, nous nous trouvons face à une multitude d’effets à observer, à décrire. En partant du postulat que les opérations de contrôle d’une rivière et les stratégies de domestication (dont la réduction de l’entité vers l’élément -eau- ressource) aient construit des affects collectifs profondément inscrits. Peut-être que l’amplification de nos modes d’attention pourrait conduire à la reconnaissance de nombreux détails jusqu’alors déniés, invisibilisés. Nous cherchons à construire une situation soutenue par un dispositif ou signalétique (discret/ in situ) qui engendrerait en chacun un affect personnel et profond. L’image d’épinal n’invite pas à un sentiment de gratitude, à l’inverse elle cristallise dans le temps une relation patrimoniale entre une entité et un territoire, déniant ainsi le fait que c’est par le concours lent de cette entité que le territoire existe tel quel... amplifier la considération de l’Aveyron sur le territoire de Nègrepelisse, et de générer une situation ou un dispositif qui rende possible le développement d’affects singuliers au-delà des représentations d’épinal de la rivière.

Si cela vous intéresse, nous sommes disposés à vous apporter plus d'informations sur notre projet dont nous avons esquissé ici les grandes lignes.
Enfin de signaler que notre projet démarre à peine et se déroule jusqu’à l’été 2021, ainsi vos disponibilités seront les nôtres.
Très cordialement, 

Bonjour, 
Merci pour l'intérêt que vous portez à la rivière Aveyron. Votre projet pique effectivement ma curiosité et je serai ravie de pouvoir participer à valoriser cette rivière encore d'une autre manière que par mon travail. Nous pourrions peut-être ensuite imaginer une rencontre un peu plus tard?
Bien cordialement.

Merci de votre prompte réponse !
Voici quelques questions qui nous viennent aujourd’hui, sentez vous libre de répondre à celles qui vous inspirent le plus, il est crucial pour nous que cela ne soit pas pénible ! Votre mission consiste à évaluer l’état de la rivière Aveyron en 18 mois. Pourriez vous nous décrire brièvement les outils, les savoirs, les collaborations que vous convoquez pour réaliser ce travail ? S’agit il de l’application d’un protocole d’étude ou plus d’une expérimentation ?
Dans quelle mesure cette étude est comparative dans le temps et dans l’espace (cf. Le tronçon amont, ou d’autres rivières) ? Avez vous d’ores et déjà identifié des critères ou caractéristiques qui n’apparaitront pas dans le rapport commandé mais qui vous paraissent important d’énoncer ? À tâtons nous dirions de vous que vous être à la fois une traductrice, une représentante et une sentinelle de la rivière, que cela vous inspire t’il ?
Avez vous d’ores et déjà identifié d’autres existants (animés inanimés) qui le soient également ? Connaissiez vous la rivière de l’Aveyron avant votre prise de poste ? Pourriez vous nous décrire cette relation dans le cadre de votre activité et hors du cadre de votre activité ?
Dans quelle mesure votre travail a t’il transformé vos représentations de la rivière ?

Diriez vous que la rivière et ses parties/composantes soient actuellement menacées ? Pourriez vous nous décrire brièvement ces menaces si elles existent ?


Conversation avec Anne-Sophie

Dépaysement = Terme intraduisible de la langue française qui évoque un sentiment positif de perte de repères propres au pays et à aux habitudes quotidiennes.

Dépaysement de temps

Ces eaux qui vont mettre leurs mots et pas nous.

Les verbes sont des mouvements.

Attention à la notion d’intentionnalité, et de langage (cf. signes)
> Stengers la voix moyenne 

-

Nids Paillasse, protection, objets hétéroclites assemblés ensemble
Pourquoi pas ritualiser la construction/ la création d’un nid// fait pour accueillir …
Certaines disposition de branches qui feraient autel/ piège/appareil de capture
Faire filet, faire corde ? 
Travail de Tomas (son oeuvre comme un élément qui capture l’attention des feuilles), Nid, Vision de L. sur les pétales à l’eau, 

Rituel ( Monument ? )qui montre les transformation de l’aveyron suivant les saisons

-

La cuisine = le chaudron

-

Des mots balancés dans l’Aveyron, les encombrants de la population

Voir les archives des protestants à propos des histoires de sorcières

-

-- parcours arbitraire de l’invisible au visible
Les énergies
Les eaux souterraines
L’héritage culturel
Le terrain 
Profane
Scientifique
Les signes






Mail à une journaliste de La Dépêche

Bonjour, je mène actuellement une recherche sur les représentations de la rivière de l’Aveyron. Ce projet est destiné à une restitution au centre d’art La Cuisine à Nègrepelisse courant 2021.
Aujourd’hui en parcourant les actualités de la région j’ai pris connaissance de votre article dans la dépêche et l’idée m’est venue de solliciter votre témoignage en tant que journaliste.
Plusieurs questions me viennent et j'attendrai votre aval avant de vous les soumettre.
Celles-ci seront à propos des modalités de rédaction à propos de ce type d’événement mais aussi des registres d’écriture convoqués lorsque le fait concerne une entité naturelle dont l’état à des conséquences sur les activités humaines.
Par ailleurs, le fait que ce sont vos photos qui illustrent cet article m’invite à vous interroger sur votre expérience de ce matin et sur votre ressenti.

En espérant que cela suscite votre curiosité, au plaisir de correspondre avec vous si vos disponibilités le permettent.




6 - 14 février 2021

Ô crue soit louée, 
L’eau déborde de son lit et rejoint les rives
L’eau confond les espaces désignés, 
L’amont rejoint l’aval

La crue rend impraticable (aux piétons, les ruines
L’eau qui monte contrarie (les ambitions humaines, infrastructures, les dispositifs

La montée de l’eau brouille nos définitions, catégories territoriales et temporelles,
limon est mélange de divers sols.

Les éléments fabriqués de verre, de plastique, de ferrailles - autres que ceux générés par des devenirs végétaux - ont émergé des fonds des eaux et réapparaissent à la surface. 

Arrivée à Nègrepelisse , visite de l’île avec Tomas et Txapi.
Les enchevêtrements de bois sont impressionnants, on y a récolté des dizaines de graines.
On y a rencontré une élue de la commune (pour elle les nids sont des cocons).

À mon sens l’état de l’île est l’occasion d’une discussion sur l’écologie des ripisylves, des transports de graines, de fruits, de baies. Un état qui interroge l’entité bois autrement qu’étant Arbre (archétype - dressé- symbole environnemental)

Notion de laisses de crues 

Le terme « laisses de crue » désigne toutes traces laissées par le niveau de l’eau lors d’un épisode hydro-météorologique remarquable. Ces marques qui témoignent des plus hautes eaux atteintes pour un type d’événement donné sont liées soit à un débordement de cours d’eau soit à un phénomène marin - submersion marine (on parle alors de laisse de mer).Il existe de nombreux types de laisses. A titre d’exemple on peut citer : Des embâcles « prisonniers » de la végétation ou d’un grillage (Photo 1 et Photo 2), des marques « d’humidité » dans des matériaux poreux (Photo 3), des dépôts sur un mur, un portail (Photo 4), la décoloration d’un meuble (Photo 5), etc..
http://wikhydro.developpement-durable.gouv.fr/index.php/Laisses_de_crue

-

Mail à M. de Aveyron Amont, 

Lors de la seconde semaine de résidence à Negrepelisse j’ai pu constater que le panneau explicatif de l’annexe hydraulique de l’île de Negrepelisse avait été enfoncé par la crue.
J'imagine que cela vous a été déjà signalé mais au cas où. Ce fait m’interroge sur les éventuels dégâts matériels générés par la crue de la semaine dernière, et les implications quant à votre activité. Par ailleurs, je vous demande à l’inverse si une crue favorise certains aspects de vos missions, je pense au transport de grandes quantités de bois par exemple.

Je me permet enfin de vous partager un sentiment qui s’est amplifié cette semaine à l’occasion de promenade régulière sur l’île de Negrepelisse, à mon sens la présence de ces amas de bois, branches, fragments de végétaux et de la multitudes de graines et fruits variés, aussi la considération de l’érosion subite des rives, constituent une situation riche de médiation scientifique.

Conversation avec Anne-Sophie

Intéresser > se mettre entre

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La capacité de l’eau à porter l’altérité “ c’est déjà là” héritage de la phénoménologie.

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Est ce que les catholiques ont eu des liens avec la rivière qui ont été empêchés ?

-

Faire appel aux autres sens que celui de la vision -> dispositif de capture de son, d’odeur …
Sifflet d’eau / moulin à son / carillons -> trouver un truc sur l’île qui porte la voix de l’eau 

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Stalactites apparents dans l’atelier / idée de visite/ tour
Dispositif qui ritualise les biomatériaux

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Ripisylve = trame turquoise

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Les tanins protègent les racines de la lumière (cas d’un platane)

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Ce paysage n’existe pas sans l’eau 


Rencontre de la famille Soulier Michel et Denise

Spéléologie = discours de la caverne 

Récit de l’invention de la grotte : 92/93 deux fois une semaines d’exploration Anomalie dans la cavité. François Rouzeau SpéléoArchéologue.
Ça doit être forcement anthropique mais à vérifier étant donné Lascaux les datations sont longues à réaliser. En 95 Bruniquel devient une cavité archéologique.
Les réflexions de Michel sur l’articulation du trio Rituel/Culturel/Fonctionnel

Rapport au territoire souterrain
Traquer les travers/ les trous, les terriers
« On est des fouilleurs et on creuse »
Aux Rameaux, il aura fallu 27ans pour relier le plateau et une rivière souterraine


« Un objet sorti de son contexte et c’est fini »
« Travail fantastique des chauves souris »

La grotte de la Madeleine des Albis (3 venus, 1 cheval, 1 bison.Plafond doré, excessivement joli on dirait des aurores boréales

La grotte trois cloches / sismographe > marées terrestre
Lafarge laboratoire / carrière / en partie propriétaire de la grotte de bruniquel 
Granulats Lafarge
Carrières, dépôts, sablières (points marrons)
À gauche Montricoux ; Activités : Granulats
À droit la carrière dite du Pouxets

Très interessant dossier à propos de cette carrière (info faune flore, eaux, grotte, )
https://www.tarn-et-garonne.gouv.fr/content/download/2218/13326/file/MPG%20Bruniquel%201.pdf




Les crues permettent de repérer les résurgences
Une exsurgence (du latin surgere qui signifie « se lever ») est l’exutoire d’écoulements souterrains qui proviennent de l’infiltration des eaux de pluies. 
L’exsurgence se distingue de la résurgence dont les écoulements souterrains proviennent en partie de l’infiltration des eaux de pluies mais aussi d’un cours d’eau dont le parcours s’est d’abord fait en surface puis en profondeur à la suite d’une perte dans les cavités karstiques.
L’émergence est quant à elle un exutoire dont l’origine n’est pas connue.
Quelle que soit l’origine des écoulements souterrains, ces exutoires forment des sources dont l’eau provient d’un réseau hydrogéologique endogène d’un massif, généralement karstique.
Il existe également des exsurgences marines.

Résurgence
Une résurgence est une exsurgence alimentée en partie par au moins un cours d’eau de surface identifié dont une partie ou la totalité s’infiltre dans le sous-sol par une ou plusieurs pertes. Dès lors que la perte ou le réseau hydrographique de surface communicant a été mis en évidence par la visite ou la coloration, l’exsurgence devient une résurgence.


20 février

Ouïseuse du glissement diurne remercié par des signaux que mon oreille ignare ne saurait discriminer. Communications d’oiseaux. Y’a t’il parmi la centaines quelques solos ? Imperceptibles bruissements d’ailes souples ou cuirassées, de bris de bois vert ou sectionnés, d’enfouissements aérés. D’arpenter l’île le long de ces jours et commissures n’aura pas suffit bien que certaines évidences me seront bientôt manifeste. L’eau qui coule n’a de faire de mon égard. Quelles intensité pour régénérer à la hauteur du préjudice ?

Idée de texte affiché : L’eau qui coule désignée rivière, ici nommée Aveyron, est soumise à de multiples opérations de barrage, de filtrage, d’endiguement. Ces faits se produisent (ou autre mot) X 11 barrages dans le Tarn et Garonne fois depuis sa source située à Sévérac-le-château à 155 km d’ici, et encore X fois jusqu’à ce qu’elle rejoigne le Tarn à 30 km d’ici. Ces faits sont d'origine et d’utilité humaine, en effet la garantie d’un débit constant sert à irrigation permanente des terrains agricoles du Tarn et Garonne, de plus la production d’électricité.

C’est mal dit mais l’idée serait de percer le paysage et de mettre à jour les infrastructure de production d’énergie et de l’usage agricole. Non pas pour dénoncer mais pour conceptualiser l’expérience esthétique de cet endroit.



21 février

Nous nous sommes dit qu’il serait bon à ce moment de notre entreprise d’étude envers la rivière de chacun.e lui rédiger quelque chose de notre avancement.



NOTES MARION

décembre 2020

Reportage vidéo de Tomas

Nuances de marrons, parenchymes plus ou moins humides,
Écorces gorgées d’eau, de limons,
Les bois qui deviennent éponges flottent encore, des rondins déplacés du lieu d’abattage

Les bois noircis de l’humide,
Les branches baignent, les feuilles flottent
Ressacs confus, les forces motrices sont multiples, ainsi les ballotements.

-

Tapis tressage amoncellement agrégat de brindilles
Quand les brins par milliers couvrent en
Tapis flottants, tenu par la structure libre
Pellicule végétale, surface faussement solide, faites d’éléments brisés
Le feutre s’accroche aux tiges encore verticales,
Les fragments sont aussi artificiels, certains se distinguent par leur matières et leur couleurs.
S’agit il d’une rade pour insectes ?

La rivière qui coule fend la proue de pierre
La surface se plisse et glisse pour rejoindre le courant d’écume
l’obstacle du battit produit une variation dans l’écoulement infaillible/ intarissable, imperturbable
Les blocs de calcaires sont imbibés de la couleur de la rivière
Ou de la saison.

Les arbres trempent et l’effet me trouble
À voir les arbres immergés je crains leur pourriture
Un effet de maladie,
Une inquiétude de l’irréversible,
De tant qu’il y a la présence de l’eau, tant que cela ne sera pas sec.

Samedi.
Nègrepelisse. Descente à l’eau qui coule, sur les rives, des amas de branches et de bois, parfois des troncs massifs. La rivière fournit des étoffes végétales aux branches dénudées par l’hiver. Agglomération de végétaux, de tissus, de plastiques…

En me promenant au bord de l'aveyron, je réalise à quel point les mots me manquent, je ne sais même pas si je suis sur une rive ou une berge, je ne sais même pas comment nommer ces enchevêtrements épais de branches et de bois flottants. 

Les plantes vivaces se débrouillent dans les sédiments. Qu’est ce que je comprend de toi dans ce qui te compose, t’anime, t’empêche. Qu’est ce que je compte faire, te faire, avec ou auprès de toi, de ce qui t’anime, de ce qui te forme et de ce que tu signes. Je me demande si le processus de réduction opéré par la langue pour te désigner est corrélé aux processus de maîtrise de tes flux et de ta composition par des infrastructures, intéressées par les énergies qui peuvent être extraites ou générées par les tiennes. J’ai envie d’enrichir mon vocabulaire pour exalter la multitude de tes dimensions, de tes éléments, de tes formes, et des relations que tu engendre depuis des millénaires.
J’ai envie de participer à la transformation des représentations qu’ont mes contemporain.e.s sur certains de tes effets et que chacun de tes états de débordements, de sécheresses, de brouillards soient accueillis sans associations funestes. J‘ai envie de reconnaître le cortège dont tu fais partie entière, de rencontrer des familles aquatiques, terrestres ou aériennes qu’elles soient enfouies, rampantes, éloignées que leurs apparitions soient saisonnières, fossiles ou minérales, à l’échelle de gorges ou de limons.
J’ai compris que l’eau qui coule n’aurait que faire de mon égard s’il n’est pas activement régénérateur d’au moins une de tes parties. Par exemple, j'ai envie de poursuivre l’intuition que certains de tes bras sont injustement ligaturés et évaluer comme convaincre de l’importance de leur irrigation à nouveau. J’ai envie d’interroger le concept de renaturation auprès de celleux qui s’y promettent. 
J’ai envie de me rendre suffisamment sensible pour faire l’expérience de la quiétude de tes infiltrations et qu’importe si mes soupçons s’avèrent être faux je les céderai aussitôt de la même manière que toutes les idées qui ont précédé ta rencontre. J’ai envie de continuer à te percevoir là où tu n’apparaît pas franchement et de conduire quiconque à remarquer tes présences hors des situations dédiées.
Je ne connais de toi qu’un segment. Si je me défend d’extrapoler celui-ci j’affirme néanmoins qu’il est significatif et déjà vaste et épais. Je ne pense pas réduire mon attention en y étant particulièrement concentrée. D’être attentive aux effets et signes engendrés par ta dernière crue m’a fait connaître des choses remarquables comme les enchevêtrements et agglomérats d’éléments, ainsi redistribuer mes affects et contrarier les catégories de vivant, de mort, d'animé, d’étant en transformation. Conjointement aux occasions d’être en présence et de toucher des éléments habituellement hors de ma portée. De voir des cadavres d’oiseaux sur tes berges m’a troublé d’une façon moins que les amoncellements de fragments d’objets fabriqués/usinés plastiques.
Dores et déjà je te suis reconnaissante de m’initier au rapport haptique à nos mondes communs plutôt qu’à l’appréciation optique dominante. Par ailleurs, je souhaite poursuivre la création de dispositifs qui participent à la reconnaissance des singulières et remarquables installations que tu génère. Par là l’envie de tordre les représentations usuelles.
J’ai hâte de m’immerger dans tes eaux, d’y flotter et de jouer à remonter ton courant sachant que ce rapport de forces est perdu d’avance.

22 février

Je me rends au lieu de rendez-vous. L’impossibilité de te scruter, ricochant à ta surface. Tu m'offres tout le reste. Je me retrouve convoquée dans une volerie argentée. 
(Celles qui comme toi défient/ battent/ glissent/ frottent la loi universelle)
hiver2021
Elles Aveyronnent
HIVER

22 - 29 janvier 2021

Projet né d’une spéculation sur ce que générerait une exposition dont la rivière de l'Aveyron serait la commissaire.
Très vite, nous avons convenu que la rivière n’avait pas attendu notre invitation pour produire une multitude de formes, d’effets et d'événements qui vont bien au-delà de ce qu’aucun centre d’art ou programmation (ou lieux ou événements ou artifice humain) ne pourrait contenir.
Dès lors, nous avons décroché de nos premiers sentiments pour nous positionner dans un apprentissage de savoirs relatifs à ce cours d’eau d’aussi loin que les travaux contemporains et de nos prédécesseurs nous permettaient d’aborder. 
Cette étape nous paraît fondamentale avant d’envisager une intention. 
Monts et plateaux du Massif Central - Les paysages des Causses et Avant-Causses et
Plaines et collines du Midi-Pyrénées - Les paysages des vallées de Garonne et des grandes rivières

L’aveyron a creusé des gorges profondes (200m pour 1500 à 2000m de largeur)
La rivière compositionniste constituée par des eaux en mouvements lents, bouillonnants, cycliques, aux états multiples de surface, de brume, d’infiltration.
Rivière qui creuse et qui façonne des territoires de gorges, de plaines, exposées au jour ou à la réserve, souterraines. 
Rivière animée d’innombrables existants, parcourues parcourant les milieux, les temps, les dimensions. 
Eaux multiples indispensables à ce/ceux/celles qui la traversent. 

Les talus rebords des terrasses alluviales organisent les paysages des plaines, le bâti s’y perche pour échapper aux montées dévastatrices des eaux > chapelet de bourgs > trame urbaine des plaines.

Sols d’alluvions; leur composition dépend des roches traversées, limons, sables et graviers.
Bassin versant = territoire de collecte des eaux de pluie qui alimentent une rivière, délimité par la ligne de partage des eaux. 

Embâcle naturel = une accumulation naturelle de matériaux apportés par l’eau.
2000 Premier colloque international sur le bois dans les rivières du monde.
Depuis un demi-siècle les rivières sont de moins en moins entretenues.
Le cours d’eau hier, ressource pour le propriétaire du lit, devient une contrainte (...) Désormais exclu du secteur de l’énergie et de celui des matériaux, le bois mort n’est plus branché sur les circuits d’échanges productifs, mais appartient à la catégorie peu flatteuse des “inutiles au monde” qui y séjournent sans vraiment y appartenir.
Loi 29 juin 1984 “tout propriétaire d’un droit de pêche ou son ayant cause (..) doit effectuer les travaux d'entretien, sur les berges et dans le lit du cours d’eau, nécessaire au maintien de la vie aquatique.
Loi 1995 le bois devient un objet juridique > obligation de curage ,, la législation justifie les interventions tandis que la communauté scientifique infirme les bénéfices de préservation écologique.
Loi 2006 pérennise cette contradiction > le propriétaire riverain est tenu à un entretien régulier du cours d’eau. L’entretien régulier a pour objet de maintenir le cours d’eau dans son profil d’équilibre.
(source : Le lay


À l’instar de la majorité des cours d’eau du territoire français, la rivière de l’Aveyron à connu des considérations et des relations successives et variées.

Le réseau de bibliothèque entre Nègrepelisse et Montricoux ainsi que les ressources numériques assurent la transmission d’hypothèses historiques et archéologiques. À mesure de l’arpentage de terrain nous apprenons aussi des survivances matérielles, témoins d’activités et de traditions régionales.

Nul doute que ce flux, jusqu’à sa relative maîtrise par d’importantes infrastructures d'ingénieries fluviales, ait généré des égards portés par des valeurs symboliques et par des pratiques d’usages. Il en va de même des interprétations scientifiques de ses comportements comme de ses composantes.
Nous nous interrogeons sur l’évolution de rapports symboliques à la rivière aujourd’hui. 


Lundi.

Site de la DREAL - Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement - d’Occitanie
Ensembles et familles de paysages en Occitanie - Réseau Paysage Occitanie
http://www.occitanie.developpement-durable.gouv.fr/paysages-d-occitanie-a24709.html

Nous serions donc dans les catégories :

Mardi.

L’eau qui coule, flux qui (nettoie ?) dégage les pierres, les sédiments, les branches.

Énergie qui traverse les terres.

Comment est-ce que les oiseaux perçoivent le courant de la rivière ? 

S. dit que l’eau appelle l’eau.
Cela touche au familier, au commun qui n’est pas plus considéré.
On nous parle de l’exposition en 2012 “Au fil de l’eau” à la Cuisine, par Alexandre Moronnoz. Il s’agissait d’une exposition itinérante en trois endroits. Une étude avait été réalisée en amont par une documentaliste. Trois villages avaient retenu l’attention du designer; Negrepelisse pour sa plage d’autrefois, Cazals pour son moulin et la tradition paysanne des lavandières, et St Antonin pour la légende de St Antonin gravée dans la pierre.
Cette année tous les gens d’un bassin versant vont essayer de mettre en place des actions sur 5 ans pour améliorer son fonctionnement.
Projet de sensibilisation, animation toujours en cours, très sollicités par les écoles.
Travail avec les agriculteurs, les actions à mettre en place pour transformer les pratiques.

Il nous a été indiqué comme étant sourcier.
Nous aimerions qu’il nous décrive sa pratique et ses égards envers les eaux.

Les désirs et infrastructures de contrainte et de maîtrise ne suppriment pas la puissance et la vitalité de ce qui coule.
Les eaux qui coulent, imprègnent, infiltrent les matières, produisent des signes pour lesquels l’humain n’a pas donné de noms. Ces agencements informels ou innomés nous autorisent à faire preuve d'imagination et de considération à leur égards. Par une opération spéculative où les signes engendrés par l’eau seraient pour un temps détachés de leur connotation, nous nous trouvons face à une multitude d’effets à observer, à décrire. En partant du postulat que les opérations de contrôle d’une rivière et les stratégies de domestication (dont la réduction de l’entité vers l’élément -eau- ressource) aient construit des affects collectifs profondément inscrits. Peut-être que l’amplification de nos modes d’attention pourrait conduire à la reconnaissance de nombreux détails jusqu’alors déniés, invisibilisés. Nous cherchons à construire une situation soutenue par un dispositif ou signalétique (discret/ in situ) qui engendrerait en chacun un affect personnel et profond. L’image d’épinal n’invite pas à un sentiment de gratitude, à l’inverse elle cristallise dans le temps une relation patrimoniale entre une entité et un territoire, déniant ainsi le fait que c’est par le concours lent de cette entité que le territoire existe tel quel... amplifier la considération de l’Aveyron sur le territoire de Nègrepelisse, et de générer une situation ou un dispositif qui rende possible le développement d’affects singuliers au-delà des représentations d’épinal de la rivière.

Si cela vous intéresse, nous sommes disposés à vous apporter plus d'informations sur notre projet dont nous avons esquissé ici les grandes lignes.
Enfin de signaler que notre projet démarre à peine et se déroule jusqu’à l’été 2021, ainsi vos disponibilités seront les nôtres.
Très cordialement, 

Bonjour, 
Merci pour l'intérêt que vous portez à la rivière Aveyron. Votre projet pique effectivement ma curiosité et je serai ravie de pouvoir participer à valoriser cette rivière encore d'une autre manière que par mon travail. Nous pourrions peut-être ensuite imaginer une rencontre un peu plus tard?
Bien cordialement.

Merci de votre prompte réponse !
Voici quelques questions qui nous viennent aujourd’hui, sentez vous libre de répondre à celles qui vous inspirent le plus, il est crucial pour nous que cela ne soit pas pénible ! Votre mission consiste à évaluer l’état de la rivière Aveyron en 18 mois. Pourriez vous nous décrire brièvement les outils, les savoirs, les collaborations que vous convoquez pour réaliser ce travail ? S’agit il de l’application d’un protocole d’étude ou plus d’une expérimentation ?
Dans quelle mesure cette étude est comparative dans le temps et dans l’espace (cf. Le tronçon amont, ou d’autres rivières) ? Avez vous d’ores et déjà identifié des critères ou caractéristiques qui n’apparaitront pas dans le rapport commandé mais qui vous paraissent important d’énoncer ? À tâtons nous dirions de vous que vous être à la fois une traductrice, une représentante et une sentinelle de la rivière, que cela vous inspire t’il ?
Avez vous d’ores et déjà identifié d’autres existants (animés inanimés) qui le soient également ? Connaissiez vous la rivière de l’Aveyron avant votre prise de poste ? Pourriez vous nous décrire cette relation dans le cadre de votre activité et hors du cadre de votre activité ?
Dans quelle mesure votre travail a t’il transformé vos représentations de la rivière ?

Diriez vous que la rivière et ses parties/composantes soient actuellement menacées ? Pourriez vous nous décrire brièvement ces menaces si elles existent ?


Conversation avec Anne-Sophie

Dépaysement = Terme intraduisible de la langue française qui évoque un sentiment positif de perte de repères propres au pays et à aux habitudes quotidiennes.

Dépaysement de temps

Ces eaux qui vont mettre leurs mots et pas nous.

Les verbes sont des mouvements.

Attention à la notion d’intentionnalité, et de langage (cf. signes)
> Stengers la voix moyenne 

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Nids Paillasse, protection, objets hétéroclites assemblés ensemble
Pourquoi pas ritualiser la construction/ la création d’un nid// fait pour accueillir …
Certaines disposition de branches qui feraient autel/ piège/appareil de capture
Faire filet, faire corde ? 
Travail de Tomas (son oeuvre comme un élément qui capture l’attention des feuilles), Nid, Vision de L. sur les pétales à l’eau, 

Rituel ( Monument ? )qui montre les transformation de l’aveyron suivant les saisons

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La cuisine = le chaudron

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Des mots balancés dans l’Aveyron, les encombrants de la population

Voir les archives des protestants à propos des histoires de sorcières

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-- parcours arbitraire de l’invisible au visible
Les énergies
Les eaux souterraines
L’héritage culturel
Le terrain 
Profane
Scientifique
Les signes






Mail à une journaliste de La Dépêche

Bonjour, je mène actuellement une recherche sur les représentations de la rivière de l’Aveyron. Ce projet est destiné à une restitution au centre d’art La Cuisine à Nègrepelisse courant 2021.
Aujourd’hui en parcourant les actualités de la région j’ai pris connaissance de votre article dans la dépêche et l’idée m’est venue de solliciter votre témoignage en tant que journaliste.
Plusieurs questions me viennent et j'attendrai votre aval avant de vous les soumettre.
Celles-ci seront à propos des modalités de rédaction à propos de ce type d’événement mais aussi des registres d’écriture convoqués lorsque le fait concerne une entité naturelle dont l’état à des conséquences sur les activités humaines.
Par ailleurs, le fait que ce sont vos photos qui illustrent cet article m’invite à vous interroger sur votre expérience de ce matin et sur votre ressenti.

En espérant que cela suscite votre curiosité, au plaisir de correspondre avec vous si vos disponibilités le permettent.




6 - 14 février 2021

Ô crue soit louée, 
L’eau déborde de son lit et rejoint les rives
L’eau confond les espaces désignés, 
L’amont rejoint l’aval

La crue rend impraticable (aux piétons, les ruines
L’eau qui monte contrarie (les ambitions humaines, infrastructures, les dispositifs

La montée de l’eau brouille nos définitions, catégories territoriales et temporelles,
limon est mélange de divers sols.

Les éléments fabriqués de verre, de plastique, de ferrailles - autres que ceux générés par des devenirs végétaux - ont émergé des fonds des eaux et réapparaissent à la surface. 

Arrivée à Nègrepelisse , visite de l’île avec Tomas et Txapi.
Les enchevêtrements de bois sont impressionnants, on y a récolté des dizaines de graines.
On y a rencontré une élue de la commune (pour elle les nids sont des cocons).

À mon sens l’état de l’île est l’occasion d’une discussion sur l’écologie des ripisylves, des transports de graines, de fruits, de baies. Un état qui interroge l’entité bois autrement qu’étant Arbre (archétype - dressé- symbole environnemental)

Notion de laisses de crues 

Le terme « laisses de crue » désigne toutes traces laissées par le niveau de l’eau lors d’un épisode hydro-météorologique remarquable. Ces marques qui témoignent des plus hautes eaux atteintes pour un type d’événement donné sont liées soit à un débordement de cours d’eau soit à un phénomène marin - submersion marine (on parle alors de laisse de mer).Il existe de nombreux types de laisses. A titre d’exemple on peut citer : Des embâcles « prisonniers » de la végétation ou d’un grillage (Photo 1 et Photo 2), des marques « d’humidité » dans des matériaux poreux (Photo 3), des dépôts sur un mur, un portail (Photo 4), la décoloration d’un meuble (Photo 5), etc..
http://wikhydro.developpement-durable.gouv.fr/index.php/Laisses_de_crue

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Mail à M. de Aveyron Amont, 

Lors de la seconde semaine de résidence à Negrepelisse j’ai pu constater que le panneau explicatif de l’annexe hydraulique de l’île de Negrepelisse avait été enfoncé par la crue.
J'imagine que cela vous a été déjà signalé mais au cas où. Ce fait m’interroge sur les éventuels dégâts matériels générés par la crue de la semaine dernière, et les implications quant à votre activité. Par ailleurs, je vous demande à l’inverse si une crue favorise certains aspects de vos missions, je pense au transport de grandes quantités de bois par exemple.

Je me permet enfin de vous partager un sentiment qui s’est amplifié cette semaine à l’occasion de promenade régulière sur l’île de Negrepelisse, à mon sens la présence de ces amas de bois, branches, fragments de végétaux et de la multitudes de graines et fruits variés, aussi la considération de l’érosion subite des rives, constituent une situation riche de médiation scientifique.

Conversation avec Anne-Sophie

Intéresser > se mettre entre

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La capacité de l’eau à porter l’altérité “ c’est déjà là” héritage de la phénoménologie.

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Est ce que les catholiques ont eu des liens avec la rivière qui ont été empêchés ?

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Faire appel aux autres sens que celui de la vision -> dispositif de capture de son, d’odeur …
Sifflet d’eau / moulin à son / carillons -> trouver un truc sur l’île qui porte la voix de l’eau 

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Stalactites apparents dans l’atelier / idée de visite/ tour
Dispositif qui ritualise les biomatériaux

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Ripisylve = trame turquoise

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Les tanins protègent les racines de la lumière (cas d’un platane)

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Ce paysage n’existe pas sans l’eau 


Rencontre de la famille Soulier Michel et Denise

Spéléologie = discours de la caverne 

Récit de l’invention de la grotte : 92/93 deux fois une semaines d’exploration Anomalie dans la cavité. François Rouzeau SpéléoArchéologue.
Ça doit être forcement anthropique mais à vérifier étant donné Lascaux les datations sont longues à réaliser. En 95 Bruniquel devient une cavité archéologique.
Les réflexions de Michel sur l’articulation du trio Rituel/Culturel/Fonctionnel

Rapport au territoire souterrain
Traquer les travers/ les trous, les terriers
« On est des fouilleurs et on creuse »
Aux Rameaux, il aura fallu 27ans pour relier le plateau et une rivière souterraine


« Un objet sorti de son contexte et c’est fini »
« Travail fantastique des chauves souris »

La grotte de la Madeleine des Albis (3 venus, 1 cheval, 1 bison.Plafond doré, excessivement joli on dirait des aurores boréales

La grotte trois cloches / sismographe > marées terrestre
Lafarge laboratoire / carrière / en partie propriétaire de la grotte de bruniquel 
Granulats Lafarge
Carrières, dépôts, sablières (points marrons)
À gauche Montricoux ; Activités : Granulats
À droit la carrière dite du Pouxets

Très interessant dossier à propos de cette carrière (info faune flore, eaux, grotte, )
https://www.tarn-et-garonne.gouv.fr/content/download/2218/13326/file/MPG%20Bruniquel%201.pdf




Les crues permettent de repérer les résurgences
Une exsurgence (du latin surgere qui signifie « se lever ») est l’exutoire d’écoulements souterrains qui proviennent de l’infiltration des eaux de pluies. 
L’exsurgence se distingue de la résurgence dont les écoulements souterrains proviennent en partie de l’infiltration des eaux de pluies mais aussi d’un cours d’eau dont le parcours s’est d’abord fait en surface puis en profondeur à la suite d’une perte dans les cavités karstiques.
L’émergence est quant à elle un exutoire dont l’origine n’est pas connue.
Quelle que soit l’origine des écoulements souterrains, ces exutoires forment des sources dont l’eau provient d’un réseau hydrogéologique endogène d’un massif, généralement karstique.
Il existe également des exsurgences marines.

Résurgence
Une résurgence est une exsurgence alimentée en partie par au moins un cours d’eau de surface identifié dont une partie ou la totalité s’infiltre dans le sous-sol par une ou plusieurs pertes. Dès lors que la perte ou le réseau hydrographique de surface communicant a été mis en évidence par la visite ou la coloration, l’exsurgence devient une résurgence.


20 février

Ouïseuse du glissement diurne remercié par des signaux que mon oreille ignare ne saurait discriminer. Communications d’oiseaux. Y’a t’il parmi la centaines quelques solos ? Imperceptibles bruissements d’ailes souples ou cuirassées, de bris de bois vert ou sectionnés, d’enfouissements aérés. D’arpenter l’île le long de ces jours et commissures n’aura pas suffit bien que certaines évidences me seront bientôt manifeste. L’eau qui coule n’a de faire de mon égard. Quelles intensité pour régénérer à la hauteur du préjudice ?

Idée de texte affiché : L’eau qui coule désignée rivière, ici nommée Aveyron, est soumise à de multiples opérations de barrage, de filtrage, d’endiguement. Ces faits se produisent (ou autre mot) X 11 barrages dans le Tarn et Garonne fois depuis sa source située à Sévérac-le-château à 155 km d’ici, et encore X fois jusqu’à ce qu’elle rejoigne le Tarn à 30 km d’ici. Ces faits sont d'origine et d’utilité humaine, en effet la garantie d’un débit constant sert à irrigation permanente des terrains agricoles du Tarn et Garonne, de plus la production d’électricité.

C’est mal dit mais l’idée serait de percer le paysage et de mettre à jour les infrastructure de production d’énergie et de l’usage agricole. Non pas pour dénoncer mais pour conceptualiser l’expérience esthétique de cet endroit.



21 février

Nous nous sommes dit qu’il serait bon à ce moment de notre entreprise d’étude envers la rivière de chacun.e lui rédiger quelque chose de notre avancement.



NOTES MARION

décembre 2020

Reportage vidéo de Tomas

Nuances de marrons, parenchymes plus ou moins humides,
Écorces gorgées d’eau, de limons,
Les bois qui deviennent éponges flottent encore, des rondins déplacés du lieu d’abattage

Les bois noircis de l’humide,
Les branches baignent, les feuilles flottent
Ressacs confus, les forces motrices sont multiples, ainsi les ballotements.

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Tapis tressage amoncellement agrégat de brindilles
Quand les brins par milliers couvrent en
Tapis flottants, tenu par la structure libre
Pellicule végétale, surface faussement solide, faites d’éléments brisés
Le feutre s’accroche aux tiges encore verticales,
Les fragments sont aussi artificiels, certains se distinguent par leur matières et leur couleurs.
S’agit il d’une rade pour insectes ?

La rivière qui coule fend la proue de pierre
La surface se plisse et glisse pour rejoindre le courant d’écume
l’obstacle du battit produit une variation dans l’écoulement infaillible/ intarissable, imperturbable
Les blocs de calcaires sont imbibés de la couleur de la rivière
Ou de la saison.

Les arbres trempent et l’effet me trouble
À voir les arbres immergés je crains leur pourriture
Un effet de maladie,
Une inquiétude de l’irréversible,
De tant qu’il y a la présence de l’eau, tant que cela ne sera pas sec.

Samedi.
Nègrepelisse. Descente à l’eau qui coule, sur les rives, des amas de branches et de bois, parfois des troncs massifs. La rivière fournit des étoffes végétales aux branches dénudées par l’hiver. Agglomération de végétaux, de tissus, de plastiques…

En me promenant au bord de l'aveyron, je réalise à quel point les mots me manquent, je ne sais même pas si je suis sur une rive ou une berge, je ne sais même pas comment nommer ces enchevêtrements épais de branches et de bois flottants. 

Les plantes vivaces se débrouillent dans les sédiments. Qu’est ce que je comprend de toi dans ce qui te compose, t’anime, t’empêche. Qu’est ce que je compte faire, te faire, avec ou auprès de toi, de ce qui t’anime, de ce qui te forme et de ce que tu signes. Je me demande si le processus de réduction opéré par la langue pour te désigner est corrélé aux processus de maîtrise de tes flux et de ta composition par des infrastructures, intéressées par les énergies qui peuvent être extraites ou générées par les tiennes. J’ai envie d’enrichir mon vocabulaire pour exalter la multitude de tes dimensions, de tes éléments, de tes formes, et des relations que tu engendre depuis des millénaires.
J’ai envie de participer à la transformation des représentations qu’ont mes contemporain.e.s sur certains de tes effets et que chacun de tes états de débordements, de sécheresses, de brouillards soient accueillis sans associations funestes. J‘ai envie de reconnaître le cortège dont tu fais partie entière, de rencontrer des familles aquatiques, terrestres ou aériennes qu’elles soient enfouies, rampantes, éloignées que leurs apparitions soient saisonnières, fossiles ou minérales, à l’échelle de gorges ou de limons.
J’ai compris que l’eau qui coule n’aurait que faire de mon égard s’il n’est pas activement régénérateur d’au moins une de tes parties. Par exemple, j'ai envie de poursuivre l’intuition que certains de tes bras sont injustement ligaturés et évaluer comme convaincre de l’importance de leur irrigation à nouveau. J’ai envie d’interroger le concept de renaturation auprès de celleux qui s’y promettent. 
J’ai envie de me rendre suffisamment sensible pour faire l’expérience de la quiétude de tes infiltrations et qu’importe si mes soupçons s’avèrent être faux je les céderai aussitôt de la même manière que toutes les idées qui ont précédé ta rencontre. J’ai envie de continuer à te percevoir là où tu n’apparaît pas franchement et de conduire quiconque à remarquer tes présences hors des situations dédiées.
Je ne connais de toi qu’un segment. Si je me défend d’extrapoler celui-ci j’affirme néanmoins qu’il est significatif et déjà vaste et épais. Je ne pense pas réduire mon attention en y étant particulièrement concentrée. D’être attentive aux effets et signes engendrés par ta dernière crue m’a fait connaître des choses remarquables comme les enchevêtrements et agglomérats d’éléments, ainsi redistribuer mes affects et contrarier les catégories de vivant, de mort, d'animé, d’étant en transformation. Conjointement aux occasions d’être en présence et de toucher des éléments habituellement hors de ma portée. De voir des cadavres d’oiseaux sur tes berges m’a troublé d’une façon moins que les amoncellements de fragments d’objets fabriqués/usinés plastiques.
Dores et déjà je te suis reconnaissante de m’initier au rapport haptique à nos mondes communs plutôt qu’à l’appréciation optique dominante. Par ailleurs, je souhaite poursuivre la création de dispositifs qui participent à la reconnaissance des singulières et remarquables installations que tu génère. Par là l’envie de tordre les représentations usuelles.
J’ai hâte de m’immerger dans tes eaux, d’y flotter et de jouer à remonter ton courant sachant que ce rapport de forces est perdu d’avance.

22 février

Je me rends au lieu de rendez-vous. L’impossibilité de te scruter, ricochant à ta surface. Tu m'offres tout le reste. Je me retrouve convoquée dans une volerie argentée. 
(Celles qui comme toi défient/ battent/ glissent/ frottent la loi universelle)